Publié le 29 juillet 2025 - par

Régénérer le Silicagel : méthode simple pour un filament 3D sec

Des sachets de Silicagel ? On en trouve partout… et on les jette trop vite !
Pourtant, ces petits absorbeurs d’humidité sont de véritables alliés pour garder vos bobines de filament bien au sec. Saviez-vous qu’ils sont réutilisables des dizaines de fois avec un simple four de cuisine ?
Voici comment leur redonner une seconde vie – et améliorer vos impressions 3D par la même occasion.

Régénérer vos sachets de Silicagel : guide pratique pour garder vos filaments au sec

Introduction

Dans l’univers de l’impression 3D, l’humidité est un ennemi silencieux mais redoutable. Les filaments, surtout PLA, PETG ou Nylon, absorbent l’humidité ambiante, ce qui provoque des bulles, du stringing, des claquements dans l’extrudeur, mais aussi des impressions ratées.

Les sachets de Silicagel sont des alliés efficaces pour maintenir un environnement sec dans les boîtes de stockage. Mais bien souvent, on les jette dès qu’ils sont saturés, alors qu’ils sont totalement régénérables

Qu’est-ce que le Silicagel ?

Par Stéphane Mons — Travail personnel, CC BY 2.5, Lien

Le Silicagel est une forme amorphe et poreuse de silice (SiO₂), dont chaque grain renferme une structure riche en liaisons Si–O et recouverte de groupes silanol (Si–OH) très polaires. Cette composition lui confère une surface spécifique exceptionnelle (500 à 600 m²/g), expliquant sa capacité d’adsorption élevée.

En présence d’humidité, les grains retiennent jusqu’à 30 à 40 % de leur masse en eau, parfois avec un changement de couleur (selon les indicateurs). Cette propriété s’étend aussi à d’autres substances polaires, ce qui en fait un excellent agent filtrant ou déshydratant, largement utilisé en électronique, pharmacie, alimentaire… et chez les makers ! (Source Wikipedia)

Le silicagel est disponible en différents types de conditionnement : en vrac, en sachets papier, en sachets non-tissés

🎨 Silicagel avec ou sans indicateur : comment repérer l’humidité ?

Tous les sachets de Silicagel ne se valent pas : certains intègrent un indicateur coloré permettant de visualiser rapidement leur état de saturation. Voici les deux principaux types :


🔵 Indicateur bleu → rose (au chlorure de cobalt)

  • Très courant dans les sachets industriels et les boîtes d’outils.

  • Couleur à l’état sec : bleu vif

  • Couleur une fois saturé : rose pâle

  • Fonctionne grâce à un sel de cobalt (chlorure de cobalt II) qui change de couleur en fonction de l’humidité.

  • ⚠️ Ce composé est classé toxique et potentiellement cancérogène : à manipuler avec précaution (éviter les micro-particules si sachet endommagé) et ne jamais chauffer à haute température dans un micro-ondes.


🟠 Indicateur orange → vert (sans cobalt)

  • Alternative plus récente et sans danger pour la santé.

  • Couleur à l’état sec : orange vif

  • Couleur une fois saturé : vert/jaune

  • Utilise des agents organiques ou à base de fer comme indicateurs de pH ou d’humidité.

  • Moins contrasté visuellement, mais beaucoup plus sûr pour une utilisation domestique, DIY ou alimentaire.


🟡 Et les sachets sans indicateur ?

  • Généralement blancs ou translucides, sans changement visible.

  • Ils fonctionnent aussi bien, mais il faut les régénérer de manière préventive (tous les 2–3 mois d’usage ou dès qu’un hygromètre dépasse 30–40 %).

Les signes d’humidité dans les filaments

Origine des photos inslogic3d.com

  • Présence de bulles ou de petits cracs lors de l’extrusion
  • Stringing ou « cheveux d’ange » excessifs
  • Extrusion irrégulière, couches mal fusionnées
  • Changements de texture ou de sonorité à l’impression

La première couche se décolle du plateau sous forme de bulles. C’est généralement dû à la présence d’humidité dans le filament. L’eau se vaporise progressivement au contact du plateau chauffant et entraîne ces défauts. (Site Grossiste 3D)

Les filaments 3D sont hygroscopiques : ils absorbent l’humidité de l’air. Lors de l’impression, cette eau s’évapore sous l’effet de la chaleur, provoquant bulles, défauts de surface et mauvaise adhérence entre les couches, ce qui dégrade la qualité d’impression. Un filament bien stocké dans une boîte hermétique avec du Silicagel régénéré offre une impression plus fiable et constante.

Méthode de régénération au four

La méthode la plus simple et efficace reste le passage au four traditionnel :

  • Température : 100 à 120 °C
  • Durée : 1h30 à 2h selon l’humidité absorbée
  • Support : grille métallique ou plateau perforé avec papier cuisson
  • Astuce : utiliser un thermomètre à sonde (thermocouple K + multimètre) pour vérifier la température réelle du four

Quelques images de la régénération du Silicagel


Les sachets sont déposés sur 2 grilles du four séparées de plusieurs centimètres. Chaque grille est partiellement garnie de papier cuisson. Cela laisse l’air circuler autour des grilles et évite aus les sachets soient marqués par la grille.


J’utilise la sonde thermocouple type K fournie avec mon multimètre HT118A (décrit ici en 2021 et toujours en service !).


On est à 100°, j ai réglé le bouton du four entre 110 et 120° environ pour arriver à une température qui fluctuait entre 100 et 105°C.


Dès le séchage terminé, je mets les sachets dans un Tuperware qui assurera le stockage et empêchera l’humidité de rentrer dans le SIlicagel. L’hygromètre était à l’air libre et lorsque je le pose dans la boîte il indique 40%…

Une heure plus tard j’ai rouvert (rapidement) la boîte pour faire cette photo et l’hygromètre indique 10% ! On peut dire que l’opération « séchage au four » a été efficace.

Et au micro-ondes ? Risques et limites

Cette méthode est déconseillée sauf si on maîtrise parfaitement le processus :

  • Risque d’étincelles si métal présent dans les sachets
  • Risque de surchauffe ou combustion si le gel est trop saturé
  • ⚠️ Ne jamais utiliser de Silicagel avec indicateur bleu au cobalt au micro-ondes
  • Possible en chauffant par cycles courts de 30 secondes, avec un verre d’eau dans le four

⚠️ Attention : Silicagel avec indicateur bleu au cobalt

Certains sachets de Silicagel contiennent un indicateur bleu à base de chlorure de cobalt (II), utilisé pour signaler la saturation (bleu = sec, rose = saturé).

  • Toxique : substance classée potentiellement cancérogène (catégorie 2)
  • Dangereux au micro-ondes : risque de vapeur toxique et de surchauffe explosive
  • À proscrire pour tout usage domestique au four micro-ondes

Privilégiez les sachets sans indicateur ou avec indicateur orange (sans cobalt), et régénérez-les au four traditionnel à 100 °C.

🔥 Astuce micro-ondes (usage avec précaution)

Si vous souhaitez régénérer du Silicagel au micro-ondes, procédez avec prudence :

  • Uniquement si les sachets ne contiennent pas d’indicateur bleu au cobalt
  • Chauffez par cycles courts de 30 secondes à puissance moyenne
  • Ajoutez un verre d’eau dans le four pour éviter une surchauffe à sec qui peut détruire votre four

Surveillez constamment la chauffe. À la moindre odeur suspecte ou déformation des sachets, arrêtez immédiatement.

Fréquence et durée de vie du Silicagel

  • Un bon Silicagel peut être régénéré entre 50 et 200 fois
  • Le gel reste bon s’il est dur, translucide ou légèrement opaque
  • S’il devient jaune, friable ou inefficace : direction poubelle
  • À conserver dans un récipient hermétique avec hygromètre

🧐 Et si on ouvrait les sachets ?

Il est bien sûr possible de récupérer uniquement les grains de Silicagel en ouvrant les sachets pour les faire sécher directement dans un plat en verre (type Pyrex).

Mais cela pose une vraie question pratique : une fois ouverts, les sachets ne peuvent plus être remis facilement à leur place habituelle (boîte de filament, tiroir, emballage, sac sous vide, etc.).

Il faudra alors confectionner de nouveaux contenants : sachets en tissu, boîtes perforées, tubes ajourés… Ce n’est pas infaisable, mais ça complique sérieusement les choses si l’on souhaite les répartir proprement ou éviter de manipuler les grains directement.

Sans compter que les sachets d’origine, notamment ceux avec indicateur coloré, permettent de visualiser immédiatement leur niveau de saturation. Un confort qu’on perd en vrac.

Donc oui, on peut ouvrir… mais ensuite, il faudra tout repenser côté logistique.

Conclusion

Simple, efficace, économique et durable, la régénération du Silicagel permet de prolonger la vie de ces petits sachets bien utiles à l’atelier. Un geste malin pour éviter le gaspillage, protéger tes filaments et améliorer la qualité de tes impressions 3D. Un vrai réflexe de maker !

⏱️ Restez toujours à proximité pendant la régénération

Ne laissez jamais votre four sans surveillance lorsqu’il contient des sachets de Silicagel en cours de séchage.

Certains sachets en papier ou non-tissé peuvent brunir, fondre ou s’enflammer en cas de surchauffe. Même si la température est modérée (100–120 °C), une erreur ou une sonde mal placée peut entraîner une élévation rapide de la chaleur.

Par précaution, restez à proximité du four, surtout lors des 15 à 30 premières minutes. Un simple coup d’œil peut éviter bien des surprises.

Questions fréquentes

❓ FAQ – Questions fréquentes sur le Silicagel

💬 Peut-on réutiliser les sachets de Silicagel ?
Oui, la plupart peuvent être régénérés des dizaines de fois au four, à 100–120 °C pendant 1h30 à 2h.

💬 Peut-on les sécher au micro-ondes ?
C’est possible, mais risqué. Il faut impérativement éviter les sachets contenant du chlorure de cobalt (indicateur bleu), et procéder par cycles courts de 30 secondes avec un verre d’eau dans le four.

💬 Faut-il ouvrir les sachets pour les sécher ?
Ce n’est pas nécessaire. On peut les régénérer tels quels. Les ouvrir implique de fabriquer de nouveaux contenants pour pouvoir les réutiliser proprement.

💬 Comment savoir si un sachet est encore efficace ?
Certains ont un indicateur de couleur (bleu ou orange) qui change à la saturation. Sinon, il faut les régénérer de manière préventive tous les 2–3 mois.

À propos François MOCQ

Électronicien d'origine, devenu informaticien, et passionné de nouvelles technologies, formateur en maintenance informatique puis en Réseau et Télécommunications. Dès son arrivée sur le marché, le potentiel offert par Raspberry Pi m’a enthousiasmé j'ai rapidement créé un blog dédié à ce nano-ordinateur (www.framboise314.fr) pour partager cette passion. Auteur de plusieurs livres sur le Raspberry Pi publiés aux Editions ENI.

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